dimanche 3 décembre 2006

Venelles-Arcanes : l'histoire

Quand j'ai commencé à m'intéresser au paranormal, je répondais assez fidèlement à la définition des détestables "faux-sceptiques" que j'ai fait dans un message précédent : plein d'assurance, persuadé que les phénomènes paranormaux n'existaient pas et que tout témoignage devait relever du canular.

C'est dans ces circonstances que j'entendis parler pour la première fois de Venelles-Arcanes, site qui jouit d'une certaine notoriété sur internet et dont le contenu est encore fréquemment recopié sur les sites peu rigoureux traitant du paranormal.

Le message qui suit est principalement un résumé humoristique du contenu du site Venelles-Arcanes. Pour une critique plus honnête et rigoureuse de ce contenu, voir le message suivant.

Le contenu du site de d'Angelo étant sous copyright, j'illustrerai ce message par des images prises au hasard plus ou moins (surtout moins, si on en croit les probabilités) en rapport avec mes propos.

Voici, en quelques mots, la terrible histoire relatée sur Venelles-Arcanes telle que je la comprends :

Tout commence lorsque le narrateur et créateur du site, Régis d'Angelo, manque de renverser un caniche lors d'un passage près du village français de Venelles. Le chien en question appartient à un vieil homme qui devient rapidement l'ami de Régis et qui finit, à l'article de la mort, par lui confier un mystérieux dossier retraçant la terrible histoire de son village.

À noter que, pour accentuer l'effet dramatique et m'assurer que le lecteur comprend bien ce qui se trame, j'écrirai de temps en temps comme ceci des questions suggestives laissant présager les terribles révélations à venir.
Pour plus d'effet, il est conseillé de porter sa main à votre bouche et de prendre un air inquiet et terrifié à chaque fois que vous en lirez une.

Quelque chose comme ça, oui.

Selon les faits relatés par d'Angelo, tout commence le 19 mai 1819, lorsque le postier du village découvre à la lisière de la forêt trois cadavres égorgés au front couvert de signes cabalistiques.
Un coupable est rapidement trouvé en la personne d'un marginal, vivant à l'écart du village, retrouvé ce jour-là en plein délire satanistique à son domicile, avec poules égorgées, pentacles et taches de sang à gogo. Les villageois, voyant là une bonne occasion de mettre en application leur vision personnelle de la justice, le pendent aussi sec et brûlent les quelques mystérieux grimoires et notes retrouvés dans sa maison.

Mais s'agit-il du vrai coupable ? (Pour ceux d'entre vous qui n'auraient pas tout suivi, le moment serait probablement bien choisi pour prendre votre air le plus incrédulement terrifié et de porter votre main devant votre bouche en une grimace éloquente. Enfin, vous en faites ce que vous voulez, hein.)
Se peut-il que cet homme n'ait en fait été que l'instrument - ou l'invocateur ?? - d'une force qui le dépasse ???
Êtes-vous sûr d'avoir envie de le savoir ?
Vais-je continuer à poser des questions idiotes dans le vide ou poursuivre le récit ?

De mon temps, les marginaux se faisaient pendre sans autre forme de procès dès qu'une ou deux morts mystérieuses avaient lieu dans les environs.
Et personne ne s'en plaignait !


On est en droit de douter de la justesse du jugement des villageois, puisque le malheureux sataniste qui-n'aime-pas-les-poules n'a selon la légende pas cessé de marmonner, entre le moment de sa capture et de sa rencontre avec le bout d'une corde, les mots suivants :
« J'ai rien pu faire, le bannissement n'a pas fonctionné, elle s'est échappée !»

Peut-être ses bourreaux ont-ils supposé qu'il parlait d'une poule. Quoi qu'il en soit, les faits (?) devaient bientôt leur donner tort (ou pas ?) :

Le 20 juillet 1819, un chasseur découvre dans la forêt les corps égorgés de deux jeunes enfants. Sur leur front : les mêmes signes caballistiques que sur ceux des trois victimes du meurtre ayant eu lieu trois mois plus tôt...

Le père des défunts enfants ayant mystérieusement disparu, les villageois se disent qu'il s'agit peut-être de leur serial killer (pour être rigoureux, ils parlaient à l'époque de "tueur en série", et prononçaient ces mots avec l'accent local et de l'époque, que je ne tenterai pas d'imiter ici mais qui évoque le bruit du vent dans un feuillage, le parfum des fleurs de Provence et le cri des poules qu'on égorge) et qu'il n'ont peut-être pas pendu le bon fou dangereux. Ne leur jetons pas la pierre (d'autant qu'ils n'approuvaient pas la lapidation) : on ne fait pas d'omelette sans pendre un ou deux innocents.

Une grande battue est organisée, au cours de laquelle un hommes croira apercevoir un animal "grand comme deux hommes et se tenant sur ses deux pattes arrières", trois autres hommes entendront un grognement et un dernier chasseur verra "les traces d'un animal inconnu".
Se peut-il qu'il y ait un monstre dans les environs de Venelles ????

Je n'ai pas trouvé d'image de monstre très convaincante. Voici par conséquent une caricature de Charles Darwin.

S'ensuit alors une période vide d'événement de près d'un siècle. La village retrouve sa tranquilité, des Venellois naissent et meurent, les hypothétiques monstres de la région restent sagement dans la forêt sans égorger qui que ce soit pour leur gribouiller des choses désagréables sur la tête. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, c'est-à-dire celui où les monstres ont mieux à faire que de maltraiter des enfants, jusqu'à ce que...

11 juin 1909 : un terrible tremblement de terre secoue Venelles. Inquiète pour ses voisins, une vieille femme se rend chez eux pour vérifier s'ils vont bien... et les retrouve habilement découpés en un puzzle tridimensionnel pour enfant de six ans précoce (et n'étant pas impressionné par la vue du sang, d'organes internes divers et autres choses qu'un enfant de six ans ne devrait idéalement pas voir). Sur le mur, quelqu'un - ou quelque chose ????? - a tracé en lettre de sang des symboles cabalistiques qui, à ce stade, commencent à nous être vaguement familiers.

Le 25 décembre de la même année, un jeune garçon, visiblement traumatisé, dira avoir vu dans la forêt un horrible monstre, qu'il dessinera par la suite et que d'Angelo qualifiera de "cauchemardesque".

Loin de moi l'idée de porter un jugement sur les péripéties oniriques des autres mais, quand je lis cela, je ne peux pas m'empêcher d'envier d'Angelo. Si les pires choses peuplant mes cauchemars étaient des formes noires mal coloriées et au centre de gravité décalé, je dormirais sans doute beaucoup mieux.

Paul Binocle, 5 ans et demi, présente : les aventures de mini-tarasque !

Notez aussi au passage l'étrange état de cette feuille de papier vieille de 90 ans, bizarrement déchirée (suis-je le seul qui trouve que le trou du milieu a quelque chose d'étrange et de peu crédible ?) mais non jaunie par le temps.

Quoi qu'il en soit, la tragédie de Venelles n'est pas encore finie. Le 6 mars 1915, un Venellois est retrouvé à moitié fou dans la forêt. Il affirme que "l'ombre de la forêt aux yeux de feu" lui a demandé d'annoncer aux autres villageois, en terme plus poétiques, qu'ils vont se faire tuer dans les bois.
Interné dans un asile psychiatrique (comme bien des incompris, dans le domaine du paranormal...), il se suicide rapidement. On retrouve alors dans son carnet, gribouillés d'une main fébrile, ces obsédants et omniprésents signes cabalistiques que personne jusqu'ici ne semble avoir eu la bonne idée d'essayer de déchiffrer.

Mais puisque je vous dit que je l'ai vue ! L'ombre de la forêt aux yeux de feu ! Mfnhrdte !

Se pourrait-il que... okay, je comprends, vous en avez marre. Ma question était "se pourrait-il qu'il ait rencontré un monstre parlant assoiffé de sang amateur de magie noire invoqué un siècle plus tôt par un égorgeur de poules", mais je suppose que vous l'aviez déjà deviné.

Quoi qu'il en soit, le message du monstre-aux-yeux-de-feu n'a pas dû être pris très au sérieux puisque, quatre mois plus tard, une institutrice emmènera une classe pique-niquer dans la forêt pour fêter la fin de l'année scolaire. Cinq des enfants sont enlevés et seul une d'entre eux sera retrouvée, près de deux semaines plus tard. La survivante révèle qu'elles et les autres ont été amenés dans des tunnels souterrains pour être dévorés.

Par qui (ou quoi) ? Elle refusera de le dire.
Les quelques Venellois au courant de la nature occulte des événements qui secouent le village depuis des décennies se réunissent alors en secret et étudient un manuscrit vieux de mille ans, parlant de quatre tunnels souterrains dans les flancs de la colline de Venelles... mais malgré tous leurs efforts, ils ne parviendront pas à les localiser.

Nouveau bond en avant dans le temps. 3 mai 1960 : le corps d'un homme et de son fils, partis se promener en forêt, sont retrouvés aux abords des bois. Comme d'habitude, ils sont horriblement mutilés et ont des signes cabalistiques dessinés quelque part sur le corps, mais ce n'est pas ce qui nous intéresse ici.
Ils avaient emporté avec eux un appareil photo. Selon d'Angelo, les trois dernières photos prises par le père montrent "une étrange créature". En voici un exemple.

Une étrange créature aussi...
Ou un test de Rorschach bien déguisé ?

Des images d'un des cadavres sont aussi disponibles sur son site.
ATTENTION : les liens qui vont suivre peuvent choquer les personnes qui ont la phobie des corps recouverts de peinture !
Cliché : la main ensanglantée laisse une trace sur un mur (et, oui, j'ai volontairement utilisé le mot "cliché")

Le torse de la victime, sur lequel sont censées être "gravées" les signes cabalistiques. Les voyez-vous ?

Gros plan sur une des blessures. Pas de commentaire (sauf celui-ci).

On ne se moque pas des phobies des gens !

Pour terminer, dix ans plus tard, on retrouvera un cadavre éventré près d'une voie ferré, des signes caballistiques sur son front, et une vieille dame entendra un "cri inhumain" dans la nuit. Fin de l'histoire... mais est-elle vraiment terminée ?


Bilan : 18 morts mystérieuses, des affaires systématiquement étouffées par les Venellois ou la police (ou, pire encore, la police venelloise), des signes caballistiques incompréhensibles et un brave homme qui hérite d'un dossier complet et accablant sur toute l'affaire parce qu'il a failli écraser un caniche.

Pour achever ce long message et conclure la partie "horreur du web" de l'affaire Venelles, j'ajouterai que :

  • le site fait plusieurs fois référence à une créature démoniaque, la tarasque, suggérant qu'il s'agit là du monstre de Venelles
  • le site est parsemé d'animations en flash représentant un gros monstre hideux aux crocs dégoulinants de sang ou comportant des messages aussi subtiles que "Ne bougez pas, il vous entendrait, ne regardez pas, il vous verrait, ne respirez pas... vous êtes mort !!"
  • mon prochain message consistera en une analyse plus constructive (?) du contenu de Venelles-arcanes
À la semaine prochaine, donc !
SI JE SURVIS JUSQUE-LÀ ET QUE LA TARASQUE NE ME MANGE PAS...

PS : les monstres existent, ils sont parmi nous :

L'homme à deux visages !