Le concept est sans l'ombre d'un doute bizarre. En y réfléchissant bien, il ne l'est cependant pas beaucoup plus qu'un jeu dont le principe est d'incarner un plombier italo-new-yorkais qui peut doubler de taille, lancer des boules de feu ou voler pour peu qu'il consomme le légume adapté, dont le job consiste à sauver régulièrement une princesse des griffes d'un lézard géant en massacrant son armée de tortues anthropomorphes et de champignons géants.
Ceci mène tout naturellement à la question : qu'est-ce qui peut réellement être considéré comme bizarre dans un jeu vidéo ? Pour tenter d'y répondre, je me propose de vous présenter quelques jeux parmi les plus étranges jamais créés...
Monster Party
(1989, Bandai, NES)
Mark, un jeune garçon, rentre tranquillement chez lui après une partie de base-ball. Soudain, un monstre appelé "Bert" tombe du ciel et lui demande de venir sauver son monde natal. Cela pouvait passer pour un scénario poussé, à l'époque.
Armé de sa batte de base-ball, Mark part courageusement affronter...
...des personnages de Dragon Ball Z et des jambes qui sortent du sol, le tout dans un environnement truffé de visages souriants. Si les développeurs de Mario consommaient des champignons hallucinogènes, ceux de Monster Party semblent avoir préféré le LSD.
Les choses deviennent un peu plus bizarres si le joueur entre dans l'une des portes présentes dans le décor, qui mène vers une salle contenant...
...une araignée géante qui s'excuse d'être morte.
Mais ce n'est qu'un début. Le décor joyeux et coloré change subitement lorsque le joueur dépasse un certain point du jeu :
Des graphismes d'aussi basse qualité peuvent difficilement être terrifiants, mais ils ont tout de même quelque chose de vaguement troublant, au même titre que la vidéo tueuse de "The Ring" vue sur un écran de téléphone portable
Image volée sur Encyclopedia Obscura, que vous devriez vraiment lire
Image volée sur Encyclopedia Obscura, que vous devriez vraiment lire
Les sourires omniprésents laissent la place à des crânes grimaçants et sanglants. Bad trip ?
Parmi les boss du jeu, on compte apparemment :
Une chenille géante dans un lit, qui s'appelle Royce (la chenille, pas le lit... je crois)
Cette image et les trois suivantes viennent également de Sydlexia.com
Cette image et les trois suivantes viennent également de Sydlexia.com
À la fin du jeu, Bert donne à Mark un coffre, qui contient une princesse. La princesse se transforme alors en monstre et poursuit Mark. Puis la peau de Mark fond :
Mark se réveille alors : ce n'était qu'un rêve !
Ou l'était-ce vraiment ? Bert-le-monstre, la batte de base-ball en main, l'attend dehors et lui lance : "Retournons-y !"
Fin du jeu.
Je vous l'avais dit : un excellent scénario pour l'époque.
Metal Gear Solid
(Konami, 1998-2008, Playstation 1,2 et 3 principalement)
"Jeu bizarre" n'est pas forcément synonyme de "mauvais jeu". Bien que la série Metal Gear Solid soit très populaire et presque unanimement appréciée par les critiques, aucun fan ne peut se voiler la face : ces jeux sont remplis d'absurdités et de choses ridicules. Cela contribue évidemment à leur charme.
Attention, SPOILERS : ne lisez pas ce qui va suivre si vous ne souhaitez pas que vous soient révélés des détails du scénario de la série ou sur la vision très étranges qu'ont les Japonais des méthodes des forces spéciales occidentales.
Par où commencer ?
Le personnage principal s'appelle "Solid Snake" , un agent spécial américain d'élite dont la spécialité est de détruire des tanks bipèdes nucléaires géants (lisez : des gros robots japonais) et de s'infiltrer seul dans les bases ennemies en se cachant dans des boîtes en carton.
*"serpent solide", ce qui a le même genre d'implications que "Deep throat" - qui est, au passage, un pseudonyme utilisé par l'un des personnages de la série...
À la fin de Metal Gear Solid 2, le personnage principal doit infiltrer l'intérieur d'une forteresse sous-marine mobile géante sur le point de détruire New York. Nu.
Par où commencer ?
Le personnage principal s'appelle "Solid Snake" , un agent spécial américain d'élite dont la spécialité est de détruire des tanks bipèdes nucléaires géants (lisez : des gros robots japonais) et de s'infiltrer seul dans les bases ennemies en se cachant dans des boîtes en carton.
*"serpent solide", ce qui a le même genre d'implications que "Deep throat" - qui est, au passage, un pseudonyme utilisé par l'un des personnages de la série...
(à droite sur l'image, tirée de Metal Gear Solid 2)
Le troisième épisode, qui a lieu durant les années '60, parvient à faire mieux :
Ses ennemis ? Dans Metal Gear Solid premier du nom, il affronte notamment :
Les boss du second épisode, moins nombreux, suivent la même logique surréaliste :
- Liquid Snake, son frère-jumeau-méchant. Il meurt à la fin du jeu (après avoir successivement survécu à un crash d'hélicoptère, l'explosion de son robot-nucléaire-géant, une chute du haut dudit robot après avoir perdu un match de boxe, plusieurs rafales de mitraillettes et un crash en jeep, c'est un virus qui a raison de lui) mais revient sous la forme d'un bras greffé à un autre personnage, dont il peut prendre le contrôle dans le second épisode.
- Gray Fox/Deepthroat, un cyborg ninja zombie
- Vulcan Raven, un shaman géant (je n'ai jamais très bien compris s'il était supposé être russe ou esquimau) qui peut invoquer l'esprit du corbeau, est un champion de tirage-d'oreille-esquimau et se bat avec le genre de canon rotatif énorme qu'on trouve normalement sur les avions de chasse
- Psycho Mantis, un télépathe russe qui vole, bouge des objets par la force de la pensée, lit le contenu de la carte mémoire du joueur pour "deviner" quels autres jeux il aime, déplace la manette grâce à la fonction vibration et fait croire au joueur que sa télévision a changé de chaîne
Malgré les apparences, rien n'indique qu'il est sadomasochiste
(contrairement à Deepthroat qui crie "frappe-moi encore !" pendant son combat contre Snake)
(contrairement à Deepthroat qui crie "frappe-moi encore !" pendant son combat contre Snake)
- Revolver Ocelot, un pseudo-cow-boy pseudo-russe armé d'un revolver dont les balles ricochent contre les murs pour atteindre le joueur même s'il est à couvert. Sans entrer dans les détails les plus poussés du scénario, c'est à première vue un fan de western russe, qui est en fait un ex-spetsnaz, qui est en fait un membre de l'ancienne unité spéciale de Snake, qui est en fait un terroriste, qui travaille en fait pour un colonel russe, qu'il trahit pour le président des États-Unis, qu'il re-trahit parce qu'il ne répond en réalité qu'à une mystérieuse organisation qui contrôle le monde. Et c'est le fils d'un nécromancien (russe, évidemment. Je n'ai pas joué au quatrième et dernier jeu de la série mais il y a fort à parier qu'il trahit encore quelques personnes).
- un robot géant qui pousse des cris de dinosaures (dans le remake en tout cas)
Les boss du second épisode, moins nombreux, suivent la même logique surréaliste :
- un homme obèse en patins à roulette qui pose des bombes
- un vampire homosexuel qui marche sur l'eau
- vingt-trois robots géants qui ressemblent à des dinosaures (par groupes de trois simultanément)
- le boss final est le président des États-Unis, dans un exosquelette qui décuple sa force équipé de deux tentacules qui peuvent lancer des missiles, avec un sabre japonais dans chaque main.
Le troisième épisode, qui a lieu durant les années '60, parvient à faire mieux :
- un cosmonaute (soviétique) équipé d'un jet-pack et d'un lance-flamme
- un colonel (...russe) bisexuel et sadomasochiste qui peut lancer des éclairs
- un fantôme de nécromancien
- un sniper centenaire capable de réaliser la photosynthèse grâce à sa relation symbiotique avec une plante
- un homme-araignée à la langue bifide et préhensile qui peut se rendre invisible et se bat avec une arbalète en sautant d'arbres en arbres
- un homme recouvert de guêpes, qui obéissent à ses ordres : il attaque notamment en crachant des guêpes à la vitesse d'une balle de fusil
Au passage, n'allez pas croire que les jeux de la série Metal Gear, qui précède Metal Gear Solid de quelques années, étaient moins ridicules :
Cette image et les quatre suivantes viennent du résumé du jeu sur slowbeef.com
Snake se retrouve face à ce qui ressemble à des rats (qui le tuent en un seul coup, contrairement aux balles tirées par les autres ennemis...). Mais s'agit-il vraiment de rats ?
Le spécialiste en animaux avec qui Snake est en contact par radio l'informe qu'il s'agit de hamsters tueurs venimeux (et qu'ils aiment le fromage)...
...puis abandonne Snake à son sort parce que le livreur de pizza vient d'arriver.
Pour remettre les choses dans leur contexte, Snake est en train d'infiltrer une base ennemie pour sauver le monde d'une apocalypse nucléaire.
Pour remettre les choses dans leur contexte, Snake est en train d'infiltrer une base ennemie pour sauver le monde d'une apocalypse nucléaire.
McDonald Miller (oui, joueurs de MGS1, il est supposé ressembler à ça) explique à Snake qu'il doit neutraliser les flaques d'acides sulfuriques en y jetant du chocolat.
Metal Wolf Chaos
(From Software, 2004, Xbox)
Coup d'état aux USA : le vice-président renverse le président et prend le contrôle du pays. Qui pourra sauver l'Amérique du chaos ?
Un indice : le jeu est japonais. Tellement japonais, en fait, qu'il n'est jamais sorti aux États-Unis et en Europe. Si vous avez lu attentivement cet article, la réponse devrait être évidente :
Le président des États-Unis...
...aux commandes d'un robot géant.
Il faut le voir pour le croire :
Enfin, la preuve que s'il l'avait vraiment voulu, Bush aurait pu aller faire la guerre en Irak lui-même...
Voilà qui conclut la mise à jour de ce soir. Pour terminer, une image et une citation :
Si on vous avait dit il y a dix ans qu'un jeu de baston avec Mario, Snake et Sonic allait un jour sortir, vous ne l'auriez pas cru...
Au Moyen-Orient, on ne chasse pas le renard, on chasse le chacal. Et on ne se sert que de harriers royaux.
Liquid Snake dans Metal Gear Solid,
une citation particulièrement incompréhensible (surtout tirée de son contexte) qui n'a pas gagné à la traduction
une citation particulièrement incompréhensible (surtout tirée de son contexte) qui n'a pas gagné à la traduction
Le saviez-vous ? Le terme "cosmonaute" désigne forcément quelqu'un de soviétique/russe, "spationaute" un Européen, "taïkonaute" un Chinois, tandis qu' "astronaute" a un sens plus général mais désigne principalement les Nord-Américains. Je peux admettre que les Russes aient inventé le russe, les Chinois le chinois et les Européens le latin, mais quelqu'un peut-il m'expliquer à quel moment les Américains ont inventé le grec ?
Rendez-vous le 31 décembre à 23h59 pour une rétrospective de l'année écoulée.
Vous devriez commencer à le savoir maintenant, mais merci à Hervé pour les corrections orthographiques.