dimanche 18 juillet 2010

Hansi : la fille qui aimait la Svastika, pt. 2

Suite et fin du feuilleton commencé la semaine dernière : les aventures de Hansi, la fille qui aimait la Svastika. Si ce n'est pas encore fait, je vous invite à en lire la première partie.

Commençons par un bref résumé des épisodes précédents :


Hansi est une jeune fille toujours heureuse et optimiste qui rejoint les jeunesses hitlériennes et y découvre que les nazi ne sont pas si méchants que ça, contrairement aux Russes, qui sont des violeurs.

Après la capitulation, elle s'échappe d'un camp de prisonniers russe et cherche à rejoindre l'Allemagne de l'Ouest, mais au moment où elle va franchir la frontière...


Les Russes arrivent, crient « Stop ! » et commencent à tirer avant que quelqu'un ait eu le temps de réagir :


Hansi sauve une petite fille dont la mère vient d'être abattue. « Quel miracle les a empêchés de nous tirer dessus ? » s'interroge Hansi, qui ne peut pas s'empêcher de voir la main de Dieu dans le fait que la mère de la petite fille vient d'être tuée sous ses yeux, mais pas elle.


Hansi aperçoit une maison et frappe à la porte. Lorsqu'un soldat lui ouvre la porte, elle réalise avec stupeur à qui elle a affaire : « Un AMÉRICAIN !!! Et il MÂCHE DU CHEWING GUM ! ».



Hansi explique qu'elle s'est échappée de la zone russe avec la petite fille, qui risque de mourir si on ne la réchauffe par rapidement. Un soldat en train de lire Archie, une autre bande dessinée publiée par Spire Christian Comics, l'écoute distraitement.

Les techniques de placement de produits sont devenues beaucoup plus subtiles depuis lors

Apparemment, pendant que les soldats soviétiques cherchent des mères à abattre et des jeunes filles à violer, les Américains mâchent du chewing gum en lisant des bandes dessinées idiotes.

Les soldats, ravis, disent à Hansi d'entrer...



Maintenant qu'elle en connaît depuis dix secondes, Hansi révise ses idées reçues sur les Américains. « Ils ne se comportent pas comme des gangsters !!! », songe-t-elle. Lorsqu'un soldat l'assure qu'ils s'occuperont de l'enfant, Hansi, satisfaite, s'apprête à partir en l'abandonnant aux mains d'inconnus qu'elle prenait pour des monstres jusqu'à il y a quelques instants.



« Et toi ? Tu as l'air fatiguée ! Veux-tu dormir ? » demande le soldat. Hansi comprend immédiatement que les soldats Américains sont moins exigeants que les Russes et projettent de la violer, mais les soldats protestent : « Nous ne sommes pas Russes ! Nous sommes Américains ! Tu es en sécurité ici ! »

Mais lorsque le matin arrive...



Les Américains lui apportent le petit déjeuner au lit.

Il me paraît important de faire un petit récapitulatif de ce que cette bande dessinée nous a appris jusqu'ici :
  • Les Nazi : animés de bonnes intentions, lisent la Bible sur le champ de bataille.
  • Les Américains : toujours souriants, mâchent du chewing gum et lisent des bandes dessinées niaises, apportent le petit déjeuner au lit.
  • Les Russes : violeurs/tueurs mangeurs d'enfants.

Le Russo-Américain tuera votre mère et vous violera, mais il le fera en souriant et vous apportera le petit déjeuner le lendemain matin.






Les soldats américains ont également contacté la croix rouge, qui a déjà trouvé une maison pour la petite fille. « Comment peuvent-ils être les ALLIÉS des RUSSES ??? » se demande Hansi.



Dans les ruines d'un village, Hansi retrouve la soeur de Rudy, son ex-petit-ami-par-correspondance, qui lui apprend que les Russes leur ont tout pris et que son sous-marin a coulé.



Grâce à son éducation au sein des jeunesses hitlériennes, Hansi est qualifiée pour devenir institutrice. L'histoire pourrait se terminer là, mais l'auteur n'a pas encore atteint son quota de prêchi-prêcha.



Hansi reçoit une lettre annonçant que Rudy est en vie et va bientôt la rejoindre. « J'ai été blessée une fois ! Je ne dois pas retomber amoureuse ! » songe-t-elle très logiquement en apprenant que Rudy est en vie et que plus rien ne s'oppose désormais à leur union.



Mais Rudy arrive et lui dit simplement : « Tout a changé ! Sauf mon amour pour toi ! J'ai besoin de toi, Hansi ! »

Ce serait probablement beaucoup plus dramatique si tous les personnages ne parlaient pas comme des enfants hyperactifs.

Et, non, l'histoire ne s'arrête pas là non plus.



Hansi et Rudy, deux personnes qui ne se connaissent que parce qu'elles se sont échangées des lettres pendant la guerre et se sont vues une fois, se marient. Contre toute attente, leur mariage ne fonctionne pas : il leur manque quelque chose... mais quoi ?




Une Bible. Évidemment.

Mais Hansi a du mal à se défaire de son éducation nazie : « Jésus était un IMPOSTEUR ! Que peut-il faire pour NOUS ? ». Heureusement, Rudy lui assure qu'il a rencontré des chrétiens et que Jésus a fait beaucoup pour eux, si bien que, une lecture de la Bible plus tard, Hansi est prête à croire à nouveau.






« Est-ce possible ??? Qu'IL SOIT MORT pour NOUS ? » se demande Rudy. « Et plus encore --- qu'il VIVE pour nous ! » renchérit Hansi.

Hansi et Rudy demandent alors à la Bible/à Dieu de sauver leur couple. Ne me demandez pas comment c'est supposé fonctionner.




Comme par miracle, la Bible permet au couple de se réconcilier, d'avoir des enfants et d'aller aux États-Unis. Mais une surprise y attend la famille de Hansi...



Le pays est plein de hippies et d'étrangers !




Il y a des déchets sur le bord des routes !


Les gens sont obèses et les produits "light" pullulent !




Apparemment, Hansi et Rudy ont décidé de vivre aux États-Unis malgré tout, mais Hansi se pose tout de même des questions sur cette culture consumériste et sur Dieu.



« Est-ce pour cela que tant de mes étudiants sont troublés ??? » se demande Hansi.



Alors qu'elle récite le serment d'allégeance avec ses étudiants, elle ne peut pas s'empêcher de faire le parallèle avec l'endoctrinement qu'elle a connu dans l'Allemagne nazie.
Se pourrait-il que cette bande dessinée soit en train de se transformer en une critique de la société américaine ?



Non, car Hansi réalise que la phrase « une nation unie sous l'autorité de Dieu » fait toute la différence. C'est exact : la leçon à retenir ici est qu'il faut se méfier du patriotisme, sauf si ce patriotisme est soutenu par une ferveur religieuse.

« Non, non - ce que nous faisons est juste parce que nous sommes de bons croyants, c'est tout. »

« Merci, Seigneur --- pour l'Amérique et pour la liberté ! » pense Hansi. « Aide-moi à partager mon amour pour toi et pour l'Amérique ! »




Hansi convainc Rudy d'ouvrir la porte de leur maison à des jeunes, pour partager ce que Dieu leur a donné.



Les voisins apprécient relativement peu que leur quartier devienne un repère de HIPPIES mais, par un processus inconnu, Hansi parvient à transformer ces jeunes gens en bons chrétiens.

« J'ai l'impression d'être une personne nouvelle ! », dit un jeune homme que je ne reconnais pas mais qui était présent dans la Bible, si j'en crois cet astérisque.


« Je suis venu ici la poche pleine de PILULES ---et j'étais prêt À EN FINIR --- mais j'ai L'ESPOIR, maintenant ! » explique le jeune homme.


« Reourne chez tes parents, Carlos --- recommence tout à zéro --- et cette fois laisse le CHRIST te montrer la voie ! » répond Hansi.

En signe de leur progrès spirituel, les personnages ont cessé de parler ! Comme ! Si !!! Ils souffraient d'une maladie mentale --- et s'expriment désormais sous forme de mauvais haïku :


« Notre Seigneur est si formidable ---
Il construit des ponts ---
Et ouvre des portes fermées. »


« Avant que vous ne parliez aux prisonniers ---
Je dois vous mettre en garde ---
Il y a plein de militants ici. »

« Hitler m'a appris beaucoup de choses ---
Mais cinq minutes après avoir franchi la frontière vers la liberté ---
Des Américains m'ont appris l'amour et la gentillesse. »


« Je viens d'un pays où beaucoup de jeunes gens pensent comme vous ---
Mais la seule manière pour eux de MANIFESTER ---
Est de se jeter sur un TANK RUSSE ! »


« Je suis contente de vivre en AMÉRIQUE, qui nous assure la liberté ! »

Grâce à ce discours, les jeunes délinquants sont désormais fiers d'être américains et Hansi a enfin trouvé la paix, avec Dieu --- et avec son pays !!!

« ...et la bande dessinée se termine lorsque Hansi prononce un discours devant des prisonniers, leur expliquant à quel point c'est super d'être libre aux États-Unis. »


J'espère que cette bande dessinée vous en aura appris autant qu'un tract de Jack Chick. Rappelez-vous : il n'existe aucun problème que la foi ne puisse résoudre, que ce soit au sein d'un couple, dans la politique d'un pays ou chez des prisonniers.

Et ne faites jamais confiance à un Russe.


Pour la petite histoire, la bande dessinée que vous venez de lire est supposée être basée sur la vie de Maria Anne Hirschmann, une prêcheuse américaine :

Contrairement à son alter ego de papier, Hirschmann n'est pas dotée d'un pouvoir surnaturel lui permettant de ne pas vieillir

Selon son site internet, Dieu a fini par lui dire d'abandonner son poste d'enseignante pour prêcher la bonne parole et écrire en son nom. Le site précise qu'elle n'écrit pas seule : Jesus and Hansi write together.

Voilà qui conclut les aventures de Hansi ! En guise d'au revoir, voici une image et une citation :

« J'ai ton nez »



Adam et Eve étaient soviétiques : ils étaient nus, le fruit qu'ils mangeaient était défendu et, néanmoins, ils s'imaginaient être au Paradis.
Arthur Koestler