samedi 16 janvier 2010

Pendant ce temps, en Science

Nous sommes en 2010.

Autrement dit, nous sommes dans le futur.

J'ai déjà exprimé mes regrets quant au retard flagrant de nos technologies. À l'heure actuelle, nous devrions être en train de nous faire servir des nanococktails sur Mars par des robots en regardant la télévision par télépathie.

Notez le manque désolant de miniaturisation de ce cocktail et l'absence totale de serviteurs robotiques

Ce n'est pas le futur qui nous avait été promis.

La faute en revient bien entendu aux scientifiques, qui ont gaspillé les fonds de la recherche en achetant de grosses machines inutiles au lieu de développer les choses dont l'être humain a réellement besoin, comme des avions capables d'atterrir sur nos terrasses pour éviter les embouteillages ou des lunettes qui permettent de voir à travers les vêtements des gens.

Avons-nous vraiment besoin de savoir s'il y a de l'hydroxyde d'hydrogène sur Mars ? Ne pourrions-nous pas vivre sans savoir où Higgs a rangé son boson ? Ne devrions-nous pas admettre que s'il existe des variables cachées non locales, elles ont peut-être une bonne raison de ne pas se montrer et ne gagnent pas à être connues ?

Quand est-ce qu'un quantum a fait quelque chose pour vous pour la dernière fois ?

Des milliards de dollars pour construire une horloge ?
Cher Monsieur Le Scientifique : je n'ai pas besoin d'atomes pour ça, moi, j'ai UNE MONTRE qui donne l'HEURE


J'aimerais aujourd'hui revenir avec vous sur quelques exemples de sujets de recherches bizarres qui ont été effectuées récemment.

En exposant le ridicule de certaines recherches, j'espère que cet article mènera à une prise de conscience de la part du monde scientifique et rappellera aux chercheurs ce qu'ils devraient avoir comme priorités.

Je ne demande pas grand chose à la science - juste des remèdes à nos maladies les plus graves et une machine pour me téléporter au travail le matin quand il y a du verglas


Art et cultures

Il existe des concours de photographies scientifiques, qui permettent aux laboratoires gagnants de remporter un peu d'argent et une publicité qui sont généralement bienvenus.

À un certain stade, les biologistes passant leur journées à surveiller des cultures de bactéries ou de moisissures ont réalisé qu'ils tenaient là quelque chose de potentiellement utile, et pas seulement pour dégoûter ou contaminer leurs ennemis.

« Comment rendre cette moisissure plus glamour... »

C'est ainsi qu'est né l'art subtil du dessin dans des milieux de culture. En jouant sur la répartition de la nourriture et/ou en faisant produire des composés précis à des bactéries, il est possible d'obtenir ce type de résultats :


L'explication qui accompagne cette image précise qu'il s'agit du champignon Physarum polycephalum et que l'idée a « été proposée par Richard Watson au cours d'un lunch particulièrement productif », ce qui est l'expression scientifiquement correcte pour dire « nous étions complètement bourrés ».

« Et si on faisait la Grande-Bretagne... avec des champis ? »

Il y a à l'heure actuelle une surenchère dans la création de telles œuvres d'art, que ce soit par leur taille...


...ou par leurs propriétés :

Un Mario qui brille, grâce à des bactéries génétiquement modifiées pour produire une substance fluorescente. Ils en ont aussi fait une version animée.
(Ce n'est pas une blague)


Pour en voir et en savoir davantage : Microbial Arts.com


Le point G existe-t-il ?

Une étude très récente du King's College de Londres a apparemment conclu que le point G n'existe pas.

Je ne dis pas que ce sujet de recherche était inintéressant. Je m'interroge juste sur la méthodologie utilisée par ces chercheurs pour arriver à cette conclusion et sur le nombre de femmes impliquées.

« Mais, mademoiselle... pensez à la Science ! »

Il est souvent difficile pour un chercheur de répondre à la question « Et qu'est-ce vous cherchez ? » si elle n'est pas posée par un spécialiste de sa discipline.

Dans les rares cas où la réponse est compréhensible par quelqu'un qui n'a pas fait des études dans le domaine, le chercheur préférerait souvent qu'elle le soit, parce qu'il est plus facile d'être respecté lorsque l'on recherche le rapport gyromagnétique d'une particule qui a un nom à coucher dehors que lorsqu'on est obligé de répondre « Je cherche le point G ».

« ...et en plus, ils me payent pour ça ! »

Bref, c'est le genre de recherche qui fait du bruit dans les médias mais qui apporte une drôle de publicité à ceux qui l'ont effectuée.

Sans parler du fait que le résultat de cette étude ne satisfera sans doute pas tout le monde...


Plus d'informations : News.BBC.co.uk
(c'était en fait une étude statistique auprès de 1800 femmes, les scientifiques n'ont pas donné de leur personne)


Le sens d'enroulement des escargots

Avez-vous déjà regardé un escargot de près ?

« Ne me détestez pas parce que je suis beau »

La réponse à cette question est vraisemblablement « non », parce que les escargots sont des animaux dégoûtants, dont le moyen de locomotion consiste à baver devant eux puis à attendre qu'une brise généreuse les pousse dans la bonne direction.

Heureusement pour nous, certaines personnes se sacrifient en effectuant de longues études pour obtenir le droit et les compétences requises pour pouvoir observer des escargots à longueur de journée. La surveillance des escargots est une tâche ingrate et difficile, qui était traditionnellement réservée à des hommes armés durant le Moyen-Âge.

Trois hommes empêchent le redoutable lapin-escargot de s'en prendre au culture

Les descendants de ces vaillants guerriers ont constaté que les coquilles de ces escargots ne s'enroulent pas toutes dans le même sens, et que ce sens d'enroulement est une caractéristique héréditaire. Des chercheurs japonais viennent cependant de montrer que cet enroulement peut être manipulé :

Reiko Kuroda (université de Tokyo) et ses collègues avaient montré que le sens d'enroulement de l'adulte était déjà observable sur l'embryon de huit cellules seulement. Ils ont eu l'idée de le manipuler, à l'aide de fins bâtons de verre, en poussant les cellules dans le sens inverse de leur enroulement naturel. Cette pression, exercée au moment où l'embryon passait de quatre à huit cellules, s'est traduite par un renversement complet de l'organisme, qui présentait ensuite à l'âge adulte l'image "en miroir" de ce qu'il aurait dû devenir.

Très franchement, je trouve que cette découverte est intéressante. En manipulant physiquement les cellules d'un embryon, ils ont réussi à donner à un organisme la géométrie opposée à celle voulue par son génome. Même si le sujet peut paraître ridicule, je trouve le résultat impressionnant.

J'ai toutefois une pensée émue pour ce chercheur qui, alors qu'il déplaçait méthodiquement les fragiles cellules de cet embryon d'escargot, se demandait sans doute quel est l'enchaînement de mauvaises décisions qui l'avait amené à se trouver dans cette situation et pourquoi il n'est pas plutôt devenu chercheur au King's College.

« Qu'est-ce que je fais là ? J'ai raté ma vie. »

Source : LeMonde.fr


Voilà qui conclut la mise à jour de ce soir !

J'espère qu'elle aura remis les idées en place aux scientifiques qui jouent aux artistes ou prennent du bon temps au nom de la Science et qu'ils réaliseront que leur véritable rôle est de triturer des embryons d'escargot dans l'espoir de trouver un remède au SIDA ou un moyen de faire rouler les voitures sans devoir payer une fortune à la pompe.


Dans les sciences, le chemin est plus important que le but. Les sciences n'ont pas de fin.
Erwin Chargaff

Le saviez-vous ? Physarum polycephalum n'est techniquement ni un champignon, ni une moisissure, ni une bactérie, mais si c'est la seule chose qui vous a parue scientifiquement incorrecte dans cet article, je ne sais pas quoi vous dire.