Jack Chick, mon dessinateur évangéliste préféré, a écrit plusieurs tracts consacrés à Halloween au cours de sa carrière, ce qui fait incontestablement de lui un spécialiste du sujet. Son site internet contient même des conseils sur la marche à suivre pour profiter de l'occasion pour répandre la bonne parole :
Cliquer sur cette image amène à une page donnant de précieux conseils pour un Halloween réussi, illustrée par des images retouchées de manière plus ou moins heureuses :
E. T. l'extraterrestre découvre que Jésus n'est mort que pour racheter les pêchés des êtres humains et pas des extraterrestres hideux
Les précieux conseils incluent :
Soyons honnêtes. Combien d'entre nous se sont cachés au fond de la maison, la lumière du perron éteinte, espérant que les enfants nous laisseraient tranquilles ? Nous n'aimons pas Halloween et son histoire occulte, et nous ne le fêtons pas. Alors nous cachons notre lumière, au lieu de la laisser briller. Est-ce ce que Jésus nous a appris à faire ?
Soyons vraiment honnêtes : les gens qui se cachent le soir d'Halloween le font moins pas conviction religieuse que parce qu'ils n'ont pas envie de donner des bonbons à des sales gosses.
« Hé, gamin... que dirais-tu de renier la religion de tes parents et de vénérer Satan en échange de bonbons ? »
Le tract d'aujourd'hui parle donc d'Halloween et prend la forme d'un film d'horreur typique...
...si les films d'horreur typiques portaient des titres comme "Bouh !" et avaient comme antagoniste le diable en personne portant une citrouille sur la tête et une tronçonneuse.
Tout commence le jour d'Halloween...
Un groupe de jeunes a loué un camp de vacances abandonné pour la soirée pour 50$ (4,20€ selon la tendance actuelle de la Bourse). Ce détail vise à prévenir le lecteur que l'histoire qu'il va lire est ridicule et fermement ancrée dans le domaine du paranormal et de l'impossible.
Oh, et cela n'a presque rien coûté parce que 13 personnes ont été tuées là l'année précédente. Les jeunes de Salem High (un nom aussi rassurant que Satanville) ont des raisons de s'inquiéter !
Ils n'ont jamais attrapé le tueur mais, comme ils l'ont criblé de balles et n'ont jamais retrouvé son corps, il est forcément mort et il n'y a pas de raison de s'inquiéter, parce qu'il est bien connu que les cadavres ont tendance à disparaître si on leur tire suffisamment dessus.
Casquette a une idée formidable : sacrifier un chat à Satan à minuit. "Quelle manière de terminer la fête ! (Haw haw)" dit l'un de ses amis, prouvant une fois de plus que l'histoire n'a pas la moindre prétention de réalisme. Quel genre de jeunes tueurs de chat terminent leur fête à minuit ?
Alors que les jeunes arrivent sur les lieux du drame en klaxonnant gaiement, un personnage sinistre à tête de citrouille les observe, ravis qu'ils viennent fêter son anniversaire. Quelques instants plus tard, il pousse un juron en s'apercevant qu'il a oublié sa tronçonneuse.
Halloween va-t-il être gâché parce que le tueur était distrait ?
À minuit, le jeune femme appelée Carrie s'apprête à sacrifier le chat à Satan pour son anniversaire mais, heureusement, le tueur arrive à ce moment-là. Il a retrouvé sa tronçonneuse mais n'a pas perdu l'habitude d'annoncer ses plans diaboliques à voix haute : « Je ne veux pas le chat comme sacrifice ! » explique-t-il, « JE VEUX CARRIE ! », nom de la femme en train de sacrifier le chat.
« Il tue TOUT LE MONDE ! » explique l'un des jeunes en s'enfuyant pour s'assurer que le lecteur comprenne bien ce qui se passe. « À l'aide ! », « YAAAH », « Nooon ! » crient ceux qui n'ont pas couru assez vite.
Le shérif est prévenu qu'un nouveau massacre est en train d'avoir lieu au camp, et il comprend aussitôt qu'il s'agit du même tueur que l'année précédente. Il est tellement surpris qu'il laisse tomber sa tasse de café à côté d'un gâteau dans lequel un couteau est planté, choses normales dans un commissariat à minuit le soir d'Halloween.
40 minutes plus tard, le tueur a à nouveau perdu sa tronçonneuse et annonce « Tu es le suivant ! (Haw Haw) » à l'un des policiers en train de le chatouiller avec leurs armes à feu. Il change cependant immédiatement d'avis et enlève la citrouille qu'il portait, révélant qu'il est... le diable en personne !
Je m'en voudrais d'avoir gâché la surprise, si je n'étais pas certain que vous ne m'avez pas cru lorsque je vous avais prévenu.
Débarrassé de ses vêtements, de sa tronçonneuse et de sa citrouille, le Diable descend au village et découvre un jeune qui prie au lieu de faire la fête. Je pense que nous savons tous ce qui va se passer ensuite.
Le gamin appelle Dieu à l'aide et le Diable s'enfuit. « Je te déteste et je déteste ton stupide anniversaire ! » s'écrie notre héros.
Le lendemain, il va interroger son pasteur...
Halloween est-il vraiment l'anniversaire de Satan ? Non, explique le pasteur, contredisant ce que le Diable lui-même disait quelques cases plus haut.
Le discours du pasteur n'est pas terriblement intéressant, je ne le reproduirai donc pas dans son entièreté ici mais je préciserai tout de même qu'il garde la même expression tout au long de la discussion et ne semble pas ouvrir une seule fois la bouche :
Le grand classique des tracts de Jack Chick, le lac de feu dans lequel tout le monde finira à moins de faire précisément ce que Jack Chick juge bon, est expliqué ici : il a été créé par Dieu pour les démons, mais il a apparemment décidé entre temps d'y jeter la quasi-totalité de l'humanité aussi.
Comme vous l'aurez compris, Halloween est une invention du Diable pour que Dieu jette davantage de gens dans le lac de feu pour tenir compagnie à ses démons. Les enfants aiment Halloween, mais ils ignorent que pour les satanistes et les sorcières, Halloween est une affaire sérieuse : c'est leur cérémonie la plus solennelle de l'année, vraisemblablement parce que c'est la seule à laquelle ils peuvent aller dans leurs habits traditionnels sans que les gens les regardent bizarrement dans le bus.
Alors que le retour de Jésus approche, le satanisme et les sacrifices humains augmentent ce qui, quand on y réfléchit bien, est un peu de sa faute. Jack Chick nous explique qu'Halloween nous vient des druides des îles britanniques, et précise que « ces gars-là étaient vraiment effrayants », au cas où les images d'un sacrifice humain et d'un druide sataniste armé d'un ankh à la mine patibulaire n'auraient pas été assez claires.
Je suis honnêtement surpris qu'il ne fasse jamais préciser au diable « Je suis méchant ! » entre deux « (haw haw haw !) ».
La nuit d'Halloween, les druides venaient dans les maisons pour capturer des victimes à sacrifier et les remplaçaient par des citrouilles supposées protéger la maison des démons pour la nuit. Je ne sais pas si c'était efficace ou non mais, si j'avais vécu à l'époque, j'aurais probablement plutôt investi dans un système de protection contre les druides.
Je ne sais pas quelles sont les sources historiques sur lesquelles Jack Chick se base, mais je les suspecte d'être les histoires que ses parents lui racontaient le soir d'Halloween quand il était petit.
Le rest du tract répète qu'Halloween, c'est mal, et que Jésus est mort sur la croix pour que nos enfants ne doivent pas se déguiser en monstre pour aller essayer de mendier chez des voisins qui font de toute façon semblant d'être absents.
Satan ne veut pas qu'on lise cette partie du tract, le reste ne lui posait par contre apparemment pas de problème
Nous voilà donc à la fin de la mise à jour de ce soir. Vous avez été prévenus : si jamais des enfants décident de se prendre pour des païens américains et de venir vous réclamer des bonbons le soir d'Halloween, n'éteignez pas vos lumière mais distribuez-leur des photographies truquées de tracts de Jack Chick. Croyez-en son expérience : ils ne reviendront pas l'année suivante.
Pour terminer, une image et une citation :
Vivre dans un camp de nudistes doit sans doute gâcher tout le plaisir qu'on attend d'Halloween.
Anonyme
Le saviez-vous ? Méfiez-vous des inconnus qui portent une citrouille sur la tête et une tronçonneuse entre les mains ! Il pourrait s'agir du diable, habilement déguisé.
Merci à Hervé pour les corrections !