Bien que la plupart des gens en ait vu au moins un épisode, la série est avant tout perçue comme le symbole par excellence de la « culture geek » - au point que le « Geek Pride Day » est célébré le jour de l'anniversaire de sa première projection.
Je ne sais pas s'il y a de « vrais » et de « faux » geeks, mais il est probablement temps que les gens qui débattent de la question et qui considèrent le fait d'être « geek » comme une partie importante de leur identité réalisent qu'ils se comportent exactement comme les membres d'autres sous-cultures, comme les gothiques ou les emos
Comme c'est le cas pour tous les films populaires, je pense qu'il existe différents stades de fanitude pour Star Wars : il y a tout d'abord les gens qui ont vu un ou plusieurs films mais n'en ont pas gardé un souvenir impérissable et qui les considèrent comme un moyen de passer le temps au même titre que les blockbusters de ces dernières années ou une rediffusion de Julie Lescaut.
Il y a ensuite ceux qui ont vu tous les films et qui se souviennent de l'essentiel du scénario, même s'ils n'ont pas mémorisé les noms de tous les personnages et toutes les planètes. Ils apprécient la série sans pour autant se rappeler du nom du robot tuberculeux ou de la planète natale des ours en peluche.
Si vous venez de penser « Le général Grievous n'est pas un robot ! C'est un homme-lézard-cyborg-sith », « Les Ewoks vivent sur la lune d'Endor, pas la planète elle-même » ou quelque chose de plus précis, cet article ne va peut-être pas vous faire plaisir.
Viennent alors les fans qui connaissent plus ou moins bien la série et sont prêts ou prompts à débattre au sujet de certains de ses détails. L'empereur a-t-il été défiguré ou s'agit-il au contraire de son vrai visage ? Obi-Wan a-t-il fait semblant de ne pas reconnaître R2D2 ou est-il amnésique ?
À ce stade, les questions prennent bien souvent une autre tournure : Jar-Jar Binks est-il le pire crime contre l'humanité depuis la fin de la seconde guerre mondiale ou de l'histoire de l'homme toute entière ? Faut-il tuer George Lucas avant qu'il ne gâche définitivement la série ou vaut-il mieux le torturer pour ce qu'il lui a déjà fait subir ?
L'un des innombrables sacrilèges inexcusables commis par George Lucas lors des re-re-re-remasterisation de Star Wars. SCANDALEUX.
On commence à atteindre là un niveau dangereux d'obsession, potentiellement nuisible à la santé (ou en tout cas à celle de George Lucas). Voici par exemple une réaction à l'annonce récente que Dark Vador va crier « Non ! » quand l'empereur essaye de tuer Luke sous ses yeux dans la version Blu-Ray du Retour du Jedi :
« Un représentant de LucasFilm a confirmé la nouvelle aujourd'hui dans le New York Times :
"Oui - Dark Vador dit NON."
Sérieusement ?
(...)
Quand j'ai hystériquement annoncé la nouvelle à ma mère avant d'écrire ceci, elle m'a demandé si Lucas changeait des parties de ses films de façon à pouvoir donner quelque chose de nouveau à ses fans à chaque sortie. C'est une supposition logique... pour quelqu'un qui n'est PAS fan de Star Wars. J'ai dû lui expliquer qu'en ce qui concerne Star Wars, les fans veulent que RIEN ne change ; à la place, c'est que tout soit conservé en l'état.
(...)
Je l'ai déjà dit et je dois le dire à nouveau maintenant que l'édition Blu-Ray est elle aussi sans valeur : les seules versions qui valent la peine d'être vues sont les LaserDisc. »
Je ne pense pas que l'auteur fasse preuve d'ironie - et, s'il s'agit d'une parodie, elle est impossible à différencier des tirades qu'écrivent certains fans obsessifs de Star Wars.
« Non, MAMAN, tu ne comprends pas ! Dark Vador dit NON. Le film est GÂCHÉ, pour TOUT LE MONDE et pour TOUJOURS. »
L'aspect le plus controversé des versions remasterisées de la première trilogie Star Wars est toutefois sans doute la première scène où apparaît Han Solo, au cours de laquelle un homme de main de Jabba vient lui réclamer l'argent qu'il lui doit. Dans la version originale du film, Han l'abat froidement tandis que dans la version remastérisée, l'homme de main lui tire dessus pratiquement à bout portant, mais Han parvient à éviter le rayon laser et ne tire que pour se défendre. Ce changement a eu suffisamment d'impact sur les fans pour mériter une page entière sur Wikipédia.
« HAN SHOT FIRST » est devenu une sorte de cri de ralliement pour les fans frustrés des modifications apportées par George Lucas aux rééditions de Star Wars.
Comment peut-il rater à cette distance ? J'exige plus de réalisme et de personnages à la moralité ambiguë dans mon univers fantastique de chevaliers-magiciens où il suffit de faire une mauvaise action pour se transformer en dictateur galactique tueur d'enfants !
Le grand paradoxe des fans de Star Wars est qu'ils détestent tout ce que George Lucas a produit depuis le second ou le troisième film, mais continuent à considérer ce qu'il dit et créée comme parole d'évangile. Je n'utilise pas ce terme à la légère : la franchise Star Wars est loin de se limiter aux six films principaux mais comprend une constellation de livres, comics, films moins connus et jeux vidéos dont le degré de « canonicité » est l'objet de débats parfois violents parmi les fans.
Dans cet article et ceux qui suivront, j'aimerais vous exposer quelques-uns des aspects les plus bizarres de cet « Univers étendu » de Star Wars et de la communauté de fan de la série.
J'ai donc le plaisir de vous présenter :
L'univers étendu de Star Wars expliqué par quelqu'un qui ne le connaît pas
Les informations que je vais vous présenter ont principalement été obtenues au hasard de mes lectures sur internet ou sur l'un des Wikis consacrés à Star Wars, sobrement baptisé Wookieepedia. Permettez-moi de vous traduire ce qu'on peut actuellement lire sur sa page d'accueil :
Saviez-vous...
* ... qu'un navigateur humain mâle a servi dans le cockpit du Millenium Falcon durant l'entièreté de la bataille d'Endor ?
* ... qu'une annonce d'intérêt publique de 1979 montrait un client de la Cantina de Duros proposant à un Talz ivre de le reconduire chez lui ? * ...que des épées étaient créées à partir des corps des tulrus, une espèce native de la planète Mustafar ? * ...que Jagged et Zena Antilles avaient un dépôt de fuel ?
Chacune de ces lignes est truffée de liens vers les pages correspondantes. Le navigateur inconnu a par exemple son propre article avec photographie :
« Pression stable. » - Le navigateur rebelle non-identifié durant la bataille d'Endor
(c'est réellement la citation par laquelle commence sa page)
(c'est réellement la citation par laquelle commence sa page)
D'après mes recherches, la règle n°1 de l'univers étendu de Star Wars est que si un personnage apparaît une demi-seconde dans l'arrière-plan d'un des films, il a vraisemblablement un nom et une histoire de plusieurs pages ou, à défaut, une page sur Wookieepedia intitulée « Passant de race indéterminée n°43 ».
J'ai parfois recours à l'hyperbole pour exagérer les défauts de ce que je critique sur ce blog. J'aimerais qu'il soit clair que le paragraphe précédent ne contient rien de tel.
Rodien non-identifié portant une veste, aperçu pendant quelques instants à l'arrière-plan d'un épisode de la série dérivée Star Wars: Clone Wars
Je réalise que, par nature, un Wiki consacré à un univers imaginaire ne peut contenir que des informations triviales. Je ne suis cependant pas sûr qu'il était vraiment essentiel de créer une page consacrée aux toilettes, expliquant que « du papier toilette était utilisé[1] » -source à l'appui- et citant toutes les oeuvres de l'univers Star Wars dans lesquelles des toilettes sont mentionnées.
Une telle obsession dans la recherche et le catalogage de détails dépourvus d'intérêt sur le monde de Star Wars aurait peut-être du sens s'il s'agissait d'un univers cohérent et bien établi. En réalité, cet univers comprend des centaines de livres, comics et jeux vidéos que les fans classent par degré de canonicité, selon leur degré d'éloignement de George Lucas et l'époque à laquelle ils ont été créés.
Des dizaines d'oeuvres expliquant les évènements antérieurs à la trilogie principale ont ainsi été contredits par la sortie de la nouvelle trilogie ; à tout moment, toute information est susceptible d'être contredite par la sortie d'une nouvelle oeuvre de canonicité plus élevée. Cet univers se développe de façon anarchique, souvent sans concertation entre les auteurs.
Les contradictions existant entre les six films principaux et les changements que George Lucas ne cesse d'y apporter ne font que confirmer qu'il est impossible d'affirmer catégoriquement si, oui ou non, Luke Skywalker utilisera encore du papier toilette demain.
Pour terminer, peut-être avez-vous remarqué que les combats au sabre laser ont évolué tout au long de la série : le premier duel entre Dark Vador et Obi-Wan a le dynamisme d'une séance de tai-chi pour robot arthritique diffusée au ralenti, mais l'épisode 1 montre un combat à la chorégraphie complexe entre Schindler et un méchant qui a plus de tatouages que de personnalité.
Pour une raison qui m'échappe, Darth Maul est l'un des personnages les plus populaires de la prélogie. Vu la qualité des dialogues, c'est peut-être parce que c'est le seul à ne jamais ouvrir la bouche.
Ce méchant se bat avec un double sabre laser. Afin de continuer à innover, l'épisode 2 propose un personnage dont le sabre a un manche légèrement incurvé et une scène où Anakin se bat avec deux sabres laser à la fois.
La progression logique était évidemment d'insérer, dans l'épisode 3, un personnage équipé de quatre sabres laser.
Les films se sont malheureusement arrêtés là, empêchant la surenchère de sabres laser de se poursuivre sur grand écran. Heureusement, l'univers étendu à pris le relais :
Irek Ismaren/Lord Nyax, qui ne peut pas faire de mouvement brusque ou se gratter le nez sans perdre quelques organes.
Voilà qui conclut la première mise à jour de cette série. En attendant la suite, une image en rapport et une citation :
Piuuu piupiupiu pipiiii
- R2-D2,
Poète et philosophe droïde
Poète et philosophe droïde